Friedrich Wilhelm Nietzsche (1844 - 1900)

Friedrich Wilhelm NietzscheFriedrich Wilhelm Nietzsche

Artiste et philosophe Allemand déconstructeur de la moralité et célébrateur du mythe Romantique en tant qu'expression de la vie.

«Le nihilisme se tient à notre porte : d'où vient cet invité des plus mystérieux ?» En 1901, cette question apparait au premier chapitre de l'ouvrage philosophique et posthume intitulé «La Volonté de Puissance». L'auteur de ce livre était Friedrich Wilhelm Nietzsche, un philosophe Allemand et un artiste, reconnu pour ses farouches déclarations au sujet de la Chrétienté, des usages moraux et de la société moderne contemporaine. Étranger du monde extérieur et plongé dans une profonde maladie, Nietzsche laissa derrière lui un héritage incroyable qui continuera à confronter et à critiquer les normes établies et bien des principes longtemps après sa mort. Qui était-il, cet homme seul, qui dissimulait sa figure sous une immense moustache, écrivant des aphorismes mystiques déclarant la mort de Dieu ?

Introduction

Friedrich Nietzsche est né le 15 octobre 1844, dans une petite ville Allemande nommée Röchen bei Lützen, située au sud-ouest de Leipzig. Son père est décédé alors qu'il était âgé de seulement quatre ans, ce qui le laissa entre les mains de sa mère, Franziska, de sa grand-mère paternelle, Erdmuthe, des 2 sœurs de son père, Auguste et Rosalie et de sa sœur plus jeune, Therese Elisabeth Alexandra. Dès ses débuts, la vie de Nietzsche prenait déjà une forme décisive. Il devint très tôt un adepte de la musique de Richard Wagner, artiste dont l'art charismatique et la personnalité attiraient particulièrement son attention. Cela a éventuellement fait en sorte qu'une proche amitié se développa entre eux, de plus, ils partageaient la même passion et le même enthousiasme pour les travaux philosophiques d'Arthur Schopenhauer.

Alors qu'il était un étudiant talentueux en philologie et une sorte d'« étoile » académique, grâce à ses essais sur Aristote, Théognis et Simonide, Nietzsche fut soudainement appelé à joindre l'armée à l'âge de 23 ans. C'est pendant cette période qu'il subit une sérieuse blessure à la cage thoracique, ce qui le força à suspendre immédiatement son entraînement militaire. Cinq ans plus tard, Nietzsche fit paraître son premier livre, intitulé «La Naissance De La Tragédie» (1872), qui décrivait la culture grecque ainsi que la métaphysique de l'art, laissant paraître une grande inspiration provenant de Schopenhauer et de Wagner, dont il ne cessait de faire les éloges.

Nietzsche continua ses visites régulières au domicile de Wagner situé à Beyrouth, jusqu'à ce que Humain, Trop Humain (1878) paru. Ce travail marqua la fin de leur amitié vieille de dix ans, car c'est dans cet ouvrage que Wagner se vit desservi du titre d'«artiste déguisé». C'est durant cette période que la vie de Nietzsche changea complètement. Il devînt le Nietzsche auquel on pense communément aujourd'hui : le voyageur seul qui abandonna son statut de citoyen Allemand, voyageant partout en Europe sans aucun domicile stable. Il visita Rome en 1882, où il rencontra une femme russe nommée Lou Salomé. Nietzsche en tomba amoureux et demanda sa main, requête qu'elle déclina. Leur amitié ne fut jamais la même par la suite et on peut s'imaginer que Nietzsche ne s'en rétablira jamais complètement non plus.

Les années qui suivirent furent particulièrement productive pour Nietzsche, avec la parution de plusieurs écrits tel que Le Gai Savoir (1882), Ainsi Parla Zarathoustra (1883-85), Par-delà Le Bien Et Le Mal (1886), Généalogie De La Morale (1887), Le Crépuscule Des Idoles (1888) et L'Antéchrist (1888). Peu après la parution de L'Antéchrist, Nietzsche sombra soudainement dans une maladie mentale, souvent décrite comme une scène où il était témoin du fouettage d'un cheval, il entourait de ses bras le cou de l'animal puis s'écroulait. Longtemps on a cru que sa folie était due à une infection causée par la syphilis, mais des études récentes démontrèrent que le coupable était en fait un cancer du cerveau que Nietzsche a apparemment hérité de son père.

Nietzsche passa ses derniers jours dans un domaine nommé «Villa Silberblick», loué par sa sœur Élisabeth, qui avait épousé un antisémite Allemand du nom de Bernhard Förster. Le 25 août 1900, Friedrich Nietzsche décéda de ce que l'on présume être une pneumonie combinée à une attaque cardiaque. Son corps fut disposé dans le cimetière familial avec sa mère et sa sœur, près de l'Église située à Röcken bei Lützen. Villa Silberblick devint «L'Archive de Nietzsche», elle contient ses manuscrits personnels, mais pour le reste du monde, Nietzsche entrait déjà dans les archives de l'histoire de l'humanité comme étant l'homme qui changea la philosophie allemande pour toujours.

Art

Nietzsche fut très tôt impliqué dans la culture et l'art, spécialement la musique. Étant un grand admirateur de Wagner et de Strauss, Nietzsche devint naturellement un fervent défenseur du mouvement Romantique, qui mettait l'emphase sur les expériences émotionnelles subjectives et l'esthétique au dépend de l'analyse rationnelle et des explications scientifiques. Les aventures glorieuses et les forêts anarchiques étaient des sujets communs pour le mouvement Romantique, opposant de l'idéalisme religieux et de l'humanisme rationnel du siècle des lumières. Grandement influencé par l'œuvre de Schopenhauer, Le Monde Comme Volonté Et Comme Représentation, Nietzsche développa une relation unique avec l'art, celle-ci est graduellement venue définir sa propre philosophie de la vie et l'a aussi mené droit aux principes fondamentaux de la métaphysique.

Le Mythe Tragique

Lors de l'écriture de La Naissance De La Tragédie en 1872, Nietzsche étudia la culture grecque antique, plus spécifiquement, la tragédie grecque. Il se questionna sur les raisons pour lesquelles les Grecs développèrent une telle forme d'art. Pourquoi est-ce qu'un peuple avec une vie culturelle qui semblait être humainement saine et intelligente commença à écrire des drames complexes où des individus seuls prenaient un mauvais tournant dans leurs vies, se retrouvant abruptement à la merci des dieux ?

Pour Nietzsche, qui commençait déjà à révéler les fondations de sa philosophie, une vérité de la vie pouvait être trouvée dans une tragédie. Il disait que le vrai art devait être le reflet de la vie et devait par conséquent être amoral, parce que la vie en son sens le plus profond n'est pas morale,Ancient Greek tragedy mais plutôt organique. Puisque qu'une vie organique ne possède aucun guide moral, mais seulement des lois naturelles primaires, au travers desquelles il y a création et destruction de vies plus simples, comme l'être humain et les animaux, on doit considérer comme étant «anti-vie» le fait de condamner des événements naturels comme la mort, la douleur ou la tragédie. Ici gît les fondations de ce que Nietzsche considérait de brillant dans la tragédie grecque : ce mythe célèbre la vie inconditionnellement et capture l'essence de l'existence sans sourciller ou se justifier à l'aide des principes de l'éthique. C'est une expression claire de la vie en soi.

Mais pour Nietzsche, cette conclusion est seulement la plateforme. Pour qu'une tragédie puisse prendre forme, l'homme doit inventer des mythes. La vie religieuse des Grecs était remplie de centaines et de centaines de dieux, déesses et de légendes mystiques desquelles les Grecs tiraient leurs inspirations pour l'art. Cette réalisation est devenue l'idée centrale de ce que Nietzsche voulait communiquer à propos de l'art : sans une vie forte et riche de mythes et de contes magiques, la culture pourrit de l'intérieur dû à un manque de nourriture.

L'art n'est pas créé à partir de principes moraux ou rationnels, mais à partir des profondeurs de l'âme du peuple. Le mythe est l'expression de cette âme unique, mais aussitôt que nous tentons d'en faire un objet ou d'expliquer rationnellement sa pertinence, nous tuons lentement notre vie culturelle et la remplaçons par une vue du monde froide et matérialiste. Cette vue du monde est celle de la modernité, où nous avons littéralement tué notre foi en la religion, la passion, la magie et le mythe, parce que nous ne comprenons désormais plus leurs fonctions. Nous recherchons des réponses «objectives» aux mythes et, comme on peut s'y attendre, en trouvons aucune, parce que la vérité à propos de la vie, selon Nietzsche, n'est pas contenue dans le mythe en tant que tel, mais dans son expression métaphorique de la vie. Nous ne pouvons pas découvrir Zeus au sommet du Mont Olympus, ni ne pouvons trouver le Cyclope qui est passé à un cheveu de tuer Ulysse, parce que ce sont de simples métaphores utilisées pour communiquer quelque chose en lien à notre existence qui ne peut être expliqué adéquatement autrement.

Nietzsche voyait une corrélation entre le mythe et une perception de la réalité. Nous ne pouvons avoir un accès direct à quelconques vérités objectives, «la chose en soit»; par contre, nous l'interprétons à l'aide de symboles subjectifs, tout comme nous percevons la vie à l'aide des métaphores contenues dans l'art. Dans son œuvre révolutionnaire intitulée Vérité et mensonge au sens extra-moral, il écrit :

Les langages variés placés côte à côte démontrent qu'avec les mots ce n'est jamais une question de vérité, jamais une question d'expression adéquate; autrement, il n'y aurait pas un aussi grand nombre de langues. La «chose en soit» (qui serait précisément la vérité pure, excluant toutes ses conséquences) est de plus quelque chose de plutôt incompréhensible au créateur du langage et quelque chose qui ne mérite pas qu'on y consacre un effort. Ce créateur désigne seulement la relation des choses avec l'homme et pour exprimer ces relations, il mise sur les plus puissantes métaphores

Cette conclusion est le commencement d'un manifeste esthétique, défendre les expériences subjectives comme étant plus utiles que la recherche de la vérité objective – une vérité que Nietzsche croit être inaccessible de toute façon. La seule manière pour nous de vivre en harmonie est d'accepter les limites de notre condition humaine et de trouver la vérité dans les métaphores de l'art. Comme il le proclame dans cette fameuse phrase de La naissance de la tragédie «l'existence du monde est seulement justifiable par un phénomène esthétique».

L'art comme volonté et comme représentation

Arrivé à ce stade, nous nous posons la question suivante : qu'est-ce que l'art alors ? Quel est l'essence métaphysique de l'art ? S'inspirant directement de Schopenhauer, Nietzsche introduit ce qui deviendra une des plus fameuses métaphores au sujet de l'interprétation de l'art, mais pour comprendre cette métaphore nous devons nous renseigner au sujet de la philosophie Schopenhauerienne de la Volonté. Selon Schopenhauer, notre monde est constitué de deux éléments de base : la Volonté et la représentation. Pensez à la Volonté comme étant l'instinct d'un tigre. Vous ne pouvez la voir, l'entendre ni la sentir, mais vous savez quelle est réelle parce c'est ce qui conduit et motive le tigre à attaquer sa proie et à la tuer. On pourrait alors dire que la représentation de cette Volonté désigne le tigre tel que nous le connaissons, avec de la fourrure, des griffes et des crocs saignants.

L'art, est similaire à nos sens car il agit comme un médium par lequel nous percevons le monde. Nous pouvons dans ce cas précis diviser l'art en deux classes à la base primaire : la musique et la poésie. Schopenhauer prétendait que la musique était la seule forme d'art qui possédait la capacité d'exprimer les objectifs de la Volonté. Nous comprenons cette expression dans ce que beaucoup de gens se plaisent à appeler la «musique absolue», un terme qui signifie que la musique n'essaie pas de dépeindre une scène visuelle imaginaire, mais est complètement abstraite en son essence même. Un bon exemple de cela est la Cinquième Symphonie de Beethoven. Arthur Schopenhauer Lors de l'écoute, on ne peut y déceler un agenda virtuel clair ou un programme ayant contribués à sa création, seulement une totale expression des émotions qu'éprouvait Beethoven, ses passions et expériences. La Cinquième Symphonie pourrait donc être qualifiée comme capturant des aspects de la Volonté objective de Beethoven. Donc, conclut Schopenhauer, la musique est une forme d'art unique, car elle exprime une Volonté complètement objective.

Ce sont les principes métaphysiques de base que Nietzsche a utilisé pour développer sa théorie au sujet de l'essence de l'art. La musique est l'expression de la Volonté objective dont Schopenhauer parlait, mais qu'est-ce que la poésie ? Nous avons mentionné plus tôt que nous percevons cette Volonté sous la forme de représentation. Nietzsche affirmait que la poésie était une différente forme d'art tirée de la musique, parce qu'elle ne peut exprimer la Volonté objective, seulement la représentation de celle-ci. Par exemple, lors de la lecture d'un poème, nous traduisons les phrases en des expériences visuelles. Nous ne pouvons vivre l'expérience d'un poème de la même façon que nous vivons l'expérience d'une symphonie, parce que le premier compte complètement sur notre visualisation interne, tandis que le second est perçu par nos sens sous une forme plus directe et abstraite. Leur différence réside en ce phénomène.

La musique nous donne un accès direct à la Volonté tandis que la poésie requiert un médium de plus, la représentation. Si nous pouvions expliquer ceci visuellement, nous aurions quelque chose de semblable à ceci:

Musique => Volonté => Perception

Poésie => Volonté => Représentation => Perception

La différence entre la poésie et la musique en est une métaphysique : la musique possède la capacité de capturer la Volonté en soit parce qu'elle agit directement sur nos sens, tandis que la poésie dépend de l'image mentale que nous nous faisons de la Volonté, en la recréant visuellement. Pour mettre un peu de lumière sur cette différence, Nietzsche s'appuie sur le poète Allemand Friedrich Schiller, qui explique le procédé de création de la poésie. Tout d'abord, il trouve un rythme musical interne puis, il écrit l'expression visuelle de cette musique. En d'autres mots, la poésie n'est pas seulement la visualisation d'une expérience, elle contient aussi une mélodie interne. Lorsque nous lisons un poème, nous suivons un rythme interne en chaque vers; donc on pourrait dire qu'en fait nous lisons la musique!

Même si la poésie possède des aspects musicaux évidents, elle est toujours dépendante du procédé de visualisation, c'est pourquoi elle ne peut exprimer une Volonté objective comme le peut la musique. Plusieurs personnes souligneront ici que ce n'est pas toutes les musiques qui peuvent être qualifiées de «musique absolue», ce qui est exact, en fait certaines musiques dépeignent des choses très fortes visuellement, souvent sous la forme de différents thèmes. Pour illustrer cette vérité Nietzsche prend en exemple la sixième symphonie de Beethoven. Cette symphonie a été composée à l'aide d'un programme clair pour chaque pièce et par conséquent ne peut être qualifiée de complètement abstraite dans sa nature.

C'est également le cas pour ce que nous appelons communément la «musique programmée», mais ce que nous devons en retenir est que la musique ne dépend pas de ce procédé de visualisation. Nous pouvons, par exemple, visualiser certaines parties de la cinquième symphonie «absolue» de Beethoven et par conséquent, y ajouter le médium de plus retrouvé dans la poésie – l'interprétation de la Volonté – mais c'est un médium que nous ajoutons à l'expérience musicale en tant qu'auditeur, non un médium qui appartient à la nature de la musique en tant que telle. La musique peut, par conséquent, contenir des éléments visuels et préprogrammés, mais ce n'est pas quelque chose d'absolument nécessaire. Cette évidence a poussé Nietzsche à affirmer que la musique était la plus grande des formes d'art – le seul art où il est possible de pénétrer au plus profond de notre existence organique.

Dionysos et Apollon

Maintenant que nous avons expliqué la conception de l'art de Nietzsche, nous sommes en mesure de comprendre sa métaphore la plus connue au monde : celle de Dionysos et Apollon. Dionysos était le Dieu Grec du plaisir et de la turbulence, représentant la force sauvage et incontrôlable de l'homme. Il était couramment décrit accompagné de mâles et de femelles qui lui vouaient un culte, connus comme étant des Satires et des Méliades. Son opposé exact était Apollon, qui défendait les principes de rationalité, de la raison, de l'ordre et de la sérénité. Nietzsche utilisa ces deux éléments et les appliqua à la tragédie grecque et le mythe grec, mais chose encore plus intéressante, il les appliqua aussi à l'art en soit.

DionysusApollon, disait-il, représente la forme poétique de l'art, par son aspect rêveur de visualisation. Dionysos, quant à lui, équivalait à la forme musicale de l'art, à travers ses moyens d'expressions sauvages et incontrôlables. Apollon capturait la vérité à l'aide de ses visions prophétiques, mais sous ce caractère solennel se cache Dionysos, dont la célébration de la tragédie et du chaos peut entrer au cœur de l'existence. Il est fascinant de constater que Nietzsche ait trouvé un contraste entre ces deux forces, tout en expliquant qu'elles n'allaient pas jusqu'à la dichotomie.

Au contraire, ce sont des forces complémentaires, fermement et inévitablement entrelacées l'une dans l'autre pour établir une forme de balance. En appliquant ces deux éléments à l'art, la vision de l'essence même de l'art selon Nietzsche commence à prendre forme : la poésie est la forme d'art du rêveur Apollon, mais soutenue à la base par le musical Dionysos. La musique est la forme d'art du délirant Dionysos, mais peut contenir des éléments du poétique Apollon. Ce que ces formes d'art ont en commun par contre, est que Dionysos est la force à la base des deux.

Art et Vie

Pour résumer, Nietzsche célébrait la musique en tant que plus grande forme d'art – la seule forme d'art permettant de capturer l'essence de la vie, ou comme l'appelait Schopenhauer, la Volonté. Il tenait en estime la tragédie grecque pour sa capacité à communiquer poétiquement des vérités plus grandes à propos de notre existence et par conséquent, nous confirme que le mythe est à l'origine de cette expérience artistique. Le mythe, pas la science ni la raison, est ultimement capable de faire en sorte que la vie, l'art et la culture sont significatifs. Dans la musique de Wagner, Nietzsche voyait une renaissance héroïque des mythes germaniques, et par conséquent, l'âme du peuple allemand.

Toutefois, pour Nietzsche, la valeur de l'art ne réside pas en cela, mais dans la métaphysique de notre existence. Comme l'explique Schopenhauer, nous ne pouvons interpréter la réalité objectivement parce que nous la percevons sous la forme de métaphores ou autres interprétations. Par conséquent, la science ne peut proclamer qu'elle détient la réponse aux différents mystères de la vie. Elle peut seulement décoder et expliquer «l'enveloppe» de notre existence, non son cœur. Seulement la musique possède la capacité de pénétrer profondément et d'exprimer la Volonté objective, ce qui conduit Nietzsche et Schopenhauer à la même conclusion : le seul vrai moyen de transcendance passe par les vertus et les passions de l'art.

Religion

Les relations de Nietzsche avec la religion étaient problématiques. Ses croyances dans la complète et sans compromis individualité que défendaient les Allemands romantiques comme Heinrich von Kleist l'ont conduit à attaquer vicieusement les aspects dogmatiques inhérentes à la pratique et la formation religieuse. Par la même occasion, il puisa une influence notable dans la mythologie et les valeurs spirituelles Germanique, dans lesquelles il voyait un contraste radical avec les croyances Judéo-chrétiennes. Dans son fameux travail Par Delà Le Bien Et Le Mal, Nietzsche écrit :

L'homme noble aussi aide celui qui est dans le malheur, mais non pas ou presque pas par pitié, plutôt au contraire du fait d'un penchant suscité par la profusion de puissance. L'homme noble honore en lui-même le puissant, celui, également, qui fait preuve de puissance à l'égard de lui-même, qui s'entend à parler et à garder le silence, qui prend plaisir à exercer rigueur et dureté envers lui-même et a du respect pour tout ce qui est rigoureux et dur. « C'est un cœur dur que Wotan a placé dans ma poitrine » lit-on dans une vieille saga scandinave : voilà la juste expression poétique trouvée dans l'âme d'un Viking orgueilleux. (Par-delà Bien et Mal, Chapitre IX, §260)

Mais plus important encore, pour Nietzsche la religion est le symbole de la création de lois statiques et morales, qui soutiennent des vertus qui nous éloigne de la vie en l'associant au démoniaque, au lieu de la célébrer avec joie et passion. Il a systématiquement examiné les motifs psychologiques inhérent à la création d'une moralité et en conclu que ce semblait être un moyen pour les gens d'établir un monde parallèle dans lequel les cotés inconfortables de la réalité, tel que la mort, la douleur, les inégalités et les luttes étaient bannis et déclarés moralement «mauvais». Ceci conduisit Nietzsche sur le chemin de la guerre, en commençant par condamner ceux qui tentaient de condamner la vie, pour finir avec sa nouvelle controversée pour le monde moderne : «Dieu est mort !»

Maitres et Esclaves

Dans son travail classique appelé La Généalogie De La Morale, Nietzsche souligna les origines historiques des différentes formes de moralité. Il commença par examiner les moralités dualistes, la croyance qu'il y a une bonne et une mauvaise force qui sont constamment en conflit l'une contre l'autre et qu'une préférence pour le « bon » représente un choix moralement correct. Selon Nietzsche, la classe dirigeante dans les civilisations anciennes tenait une sorte de préférence dualiste pour se qu'ils considéraient comme étant «bon» et «mauvais». Toute fois, se n'étaient pas des lois morales en soi, mais des valeurs qui coïncidaient avec leurs relations avec les classes inférieures, comme les esclaves.

The Russian Revolution was a slave revoltPour les aristocrates, la puissance, le bien-être, le pouvoir et l'héroïsme étaient considérés comme étant naturellement bons, tout comme les caractéristiques des classes inférieures comme la faiblesse, la maladie, l'humilité et la peur représentaient la nature mauvaise. Lentement, les classes inférieures commencèrent à éprouver du ressentiment envers les classes supérieures parce qu'elles occupaient des positions qu'ils enviaient, se qui mena éventuellement à une révolte des esclaves contre leurs maîtres. Des exemples de ces révoltes peuvent être retracés partout dans l'histoire du monde, comme les récents moments mémorables incluant la révolution française et russe.

Nietzsche explique que ce qui ce passa durant cette révolte est qu'une inversion des valeurs morales entre les aristocrates et les esclaves se produisit. Se qui était auparavant perçu comme bon par la classe dirigeante devint le mal absolu défini par les esclaves. Il classifia ces deux systèmes de valeurs comme la moralité des maîtres et des esclaves, pour mettre en évidence le contraste entre l'historique et le moral. Bien que ceci se produisit pour plusieurs cultures à différents moments de l'histoire, Nietzsche se concentra sur le peuple qui était d'après lui à l'origine de cette inversion des valeurs morales :

Les Juifs – un «peuple né pour l'esclavage», comme le dit Tacite et tout le monde antique - «le peuple élu entre les peuples», comme ils le disent et le croient eux-mêmes – les Juifs ont accompli ce prodige de retournement des valeurs qui, pour deux millénaires, a conféré à la vie sur terre un attrait nouveau et dangereux : - leurs prophètes ont fait fusionner jusqu'à unifier «riche», «sans dieu», «méchant», «violent», «sensuel» et ont les premiers donné au mot «monde» une valeur infamante. C'est dans ce retournement des valeurs (auquel se rattache le fait d'utiliser le mot signifiant «pauvre» comme synonyme de «saint» et d' «ami») que réside l'importance du peuple juif : avec lui commence le soulèvement des esclaves en morale. (Par-delà Bien Et Mal, Chapitre V, §195)

Nietzsche ne tire aucune conclusion ethnique à propos de ce fait historique et sépare par conséquent les Juifs en tant que peuple de leur religion, le Judaïsme, religion qu'il attaque par l'intermédiaire de sa forme moderne, le Christianisme. Car c'est sous la forme du Christianisme que les valeurs inversées du Judaïsme on envahit l'Europe, déclarant le nouveau message : «Heureux sont les doux, car ils hériteront de la terre!».

La psychologie de la moralité d'esclave

Les effets de la nouvelle vague de moralité d'esclave devinrent apparents dans le mécanisme psychologique qui se cache derrière les croyances des disciples Chrétiens. Nietzsche explique le conflit évident qui apparaît entre le nouveau système moral et la réalité naturelle. Le Christianisme glorifie tout ce qui est faible et craintif, mais ceci ne fait que renforcir les positions de l'esclave. Afin de se sentir supérieur à leurs anciens maîtres, les esclaves ont trouvé le moyen d'accéder au pouvoir passivement. Ils inventèrent la notion de la pitié.

Natural reality is a fight against death, contrary to the life-denial of the slave moralityNietzsche examina la pitié et la pensé pitoyable d'une perspective psychologique : l'individu, qui est faible, ne peut naturellement pas battre son maître – sauf s'il invente une théorie selon laquelle sont maître est le parti faible. L'esclave prétend par conséquent qu'il prend son maître en pitié, parce qu'il n'est pas dévoué au système de valeur de la moralité d'esclave, qui dit que seulement les humbles avec d'humbles pulsions sont récompensés. Donc il crée l'illusion d'être en une position supérieure à celle de son maître et se sent bien par la même occasion. La seule manière pour un maître d'être loyal au Dieu des esclaves est d'accepter son infériorité et de joindre les mains avec les esclaves dans l'égalité pour tous.

Comment un maître peut-il adhérer à cela ? Pourquoi les choses ont-elles dégringolées ainsi ? Nietzsche possède quelques explications à ce sujet. Les défauts et les faiblesses inhérentes à l'espèce humaine les rendent vulnérables à la manipulation psychologique. Par exemple, lorsque nous faisons quelque chose que nous croyons mauvaise par nature, comme tuer une personne, nous nous sentons mal. C'est notre conscience d'humain qui nous parle, nous informant d'un conflit entre notre action et notre sens moral. Ce qui signifie que ce que nous référons à une «mauvaise conscience», est réellement une perception morale d'un évènement et non quelque chose d'objectif ou d'absolu. En d'autres mots, si vous établissez une nouvelle perception morale sur ce qui est «bien» ou «mal», vous pourrez éventuellement manipuler les personnes qui vous entourent en leur inspirant de mauvais sentiments à propos de quelque chose défini comme étant moralement incorrect.

Crime et Punition

Nietzsche étudia le phénomène psychologique derrière la mauvaise conscience et remonta au moment de notre histoire où l'homme perdu contact avec ses instincts naturels de chasse et de conquête. Lorsque ce style de vie primitif devint soudainement moralement mauvais, l'homme c'est alors retourné contre lui-même et inventa la mauvaise conscience. Nietzsche examina aussi les origines des crimes et des punitions, les reliant aux moments où les gens commencèrent à fabriquer des relations sociales basées sur la promesse et la confiance. Un bon exemple est le maître qui prête de l'argent à son travailleur : la seule garantie que le maître possède qu'il reverra son argent est basée sur la confiance.

Bien sur, les promesses ne sont pas toutes tenues et le maître a dû éventuellement inventer une conséquence à la trahison : si le travailleur ne peut tenir sa promesse, le maître a le droit de lui infliger du mal – la notion de punition fut alors créée. Nietzsche restait critique face au système moral qui était les conséquences d'une autre morale. Il posa une série de questions qui mérite qu'on s'y arrête : Est-ce que le maître peut réellement être remboursé par une punition lors d'une promesse non tenue ? Est-ce que la perte d'un individu peut avoir la même valeur que la perte d'un autre.

Nous voyons encore un modèle émerger : Lorsque que nous établissons des lois morales qui ne coïncident pas avec le comportement humain naturel, nous nous sentons soudainement mal d'être nous-mêmes. L'esclave croit que c'est un bon moyen de sortir de l'oppression de son maître, mais comme Nietzsche le révéla, l'humanité entière souffre de cette inversion de la moralité des maîtres, les lois hiérarchique de la nature.

Les trois croyances judéo-chrétiennes (Judaïsme, Islam, Christianisme) furent d'énormes victoires dans le monde entier, conquérant cultures après cultures. Pour Nietzsche, c'était une maladie aux proportions monumentales. Il vit un groupe d'esclaves rouler leurs maîtres en obéissant à un Dieu qui proclamait un système moral qui ne coïncidait pas avec les lois de la nature. La réalité est bâtie sur la sélection naturelle, qui dit que seulement celui qui est le plus propice à survivre dans un environnement naturel survivra. La révolution chrétienne qui frappa l'Europe ne peut donc pas durer indéfiniment. Nietzsche le savait et croyait vivre en un âge qui pourrait mettre fin à la religion de la révolte des esclaves.

La Mort de Dieu

«Où est passé Dieu ? lança-t-il, je vais vous le dire! Nous l'avons tué, - vous et moi! Nous sommes tous ses assassins ! Mais comment avons-nous fait cela ? Comment pûmes-nous boire la mer jusqu'à la dernière goutte ? Qui nous donna l'éponge pour faire disparaître tout l'horizon ? Que fîmes-nous en détachant cette terre de son soleil ? Où l'emporte sa course désormais ? Où nous emporte notre course ? Loin de tout les soleils ? Ne nous abîmons-nous pas dans une chute permanente ? Et ce en arrière, de côté, en avant, de tous les côtés ? Est-il encore un haut et un bas ? N'errons-nous pas comme un néant infini ? L'espace ne répand-il pas son souffle sur nous ? Ne s'est-il pas mis à faire plus froid ? La nuit ne tombe-t-elle pas continuellement, et toujours plus de nuit ? Ne faut-il pas allumer des lanternes à midi ? N'entendons-nous rien encore des fossoyeurs qui ensevelissent Dieu ? Ne sentons-nous rien encore de la décomposition divine ? – les dieux aussi se décomposent ! Dieu est mort !» » (Le Gai Savoir, Livre III, §125)

C'est le message franc mais controversé que l'homme fou dans Le Gai Savoir rapporte à ses concitoyens du monde moderne. Dieu est mort parce que nous l'avons tué. Mais comment ? Pour comprendre cela on doit étudier le cœur du Christianisme, comme Nietzsche l'a fait. Selon les croyances chrétiennes, la vie sur terre se résume à la mort, la douleur, l'inégalité et les instincts naturels. Tout ceci va à l'encontre de l'éthique morale de Dieu, qui promet à ses croyants un endroit sécuritaire au Paradis. Mais, afin d'atteindre ce Paradis, nous devons vivre nos vies en suivant les lois et l'éthique de ce Paradis ici sur terre, c'est là l'essence du problème.

The death of GodUn bon Chrétien vit selon les règles morales du Paradis, autrement il n'est pas autorisé à franchir les portes de perles et est par conséquent condamné à l'enfer pour l'éternité. Ceci veut dire que la Chrétienté perçoit la vie sur terre et ses lois naturelles comme étant démoniaque et favorise un monde où les choses déplaisantes inhérentes à cette réalité son retirées. Ce que Nietzsche et plusieurs autres personnes comme lui on fait à l'âge moderne était de lentement commencer à critiquer ouvertement les fondations de la croyance chrétienne. Y a-t-il vraiment un Dieu ? Est-ce que le Paradis existe vraiment, et s'il existe, vaut-il la peine qu'on lutte pour l'atteindre ?

Par contre, ce qui a véritablement amené le déclin du Christianisme dans l'Ouest fut le nouvel optimisme scientifique de l'âge des lumières. Pendant cette période, la capacité de raisonnement propre à l'homme et la vérité objective était au dessus de tout et la croyance religieuse fut prise a parti pour son support apporté à une cause déjà morte. La science et les développements technologiques mèneraient l'humanité dans un âge meilleur bâti de possessions matérielles et de prospérité. Pour Nietzsche, cet âge marqua le point où Dieu fut «tué». Nous cherchions une vérité et trouvèrent qu'il n'y avait aucun Dieu. «Génial», on pourrait s'exclamer, «nous trouvèrent que Dieu n'est pas réel et est seulement une fantaisie, un tour de passe-passe pour les ignorants superstitieux. Le temps est arrivé pour la vérité de régner!» »

C'est ce que beaucoup de gens on pensé pendant cette période. Ils se sont sentis soulagés de savoir qu'ils n'avaient plus à se préoccuper d'un Dieu qui n'existait pas. Mais comme Nietzsche le nota, la vérité n'est pas toujours ce que nous recherchons. Lorsqu'une vérité que nous pensions réelle auparavant devient soudainement fausse, nous ressentons immédiatement le besoin de remplacer cette vérité par quelque chose d'autre. Il se demanda alors : si nous ne croyons désormais plus en Dieu, en quoi croyons nous ? Les gens commencèrent à se poser la même question, sans arriver à une quelconque conclusion. Soudainement le pire des destins devint vrai : l'homme avait abandonné ses croyances en des dieux éternels, mais sans s'appuyer sur autre chose. Comme le Paradis s'avéra être un rêve religieux et la vie sur terre représentait toujours se qui était éthiquement et moralement démoniaque, l'homme n'avait nul par où aller. Seul, anéanti par le désespoir d'être le prisonnier d'un monde d'horreurs, condamner à vivre dans le vide.

Science et Mystification

Nietzsche démontra que le Christianisme est une religion anti-vie, dans le sens que son idéalisme visant un achèvement divin rejette naturellement les choses sur terre qui pourrait blesser ou tuer l'individu, par conséquent il promeut une forme de matérialisme où le confort de l'individu devient le but ultime. À cause de cela, Nietzsche put prédire le dilemme de l'athéiste moderne qui est de ne pas savoir en quoi croire, donc le développement du Christianisme a poursuivi son chemin naturel. Le Christianisme pouvait toujours garder ses croyances en Dieu aussi longtemps qu'elles resteraient basées sur une moralité dogmatique. Aussitôt que la science explora le monde à l'aide de la logique et de la rationalité, les mythes et une grande partie des fondements de la moralité chrétienne furent naturellement exposés comme étant des mensonges (d'où l'allusion au titre ironique «Gai Savoir»).

Mais la mort de Dieu ne symbolise pas uniquement la lente fin du Christianisme. Pour Nietzsche, ce moment crucial de l'histoire est en fait un moment tragique, parce qu'il représente aussi le temps où l'homme perdu ses croyances en des idéaux plus fort. Nous nous retrouvâmes à vivre une vie sans savoir pourquoi. Les raisons de notre existence furent réduites au simple fait d'exister. Est-ce la fin de l'humanité ? Est-ce que cette période de l'histoire marque le dernier souffle d'idéalisme, d'héroïsme et du grand art ?

La réponse de Nietzsche est que ce n'est pas nécessairement le cas. Il y a une lueur d'espoir, mais nul ne peut prétendre la trouver en Dieu ou dans la science. Dieu ne peut nous fournir les réponses, car il fait parti d'une fausse religion qui méprise le cœur même de la vie humaine. La science peut sembler pouvoir nous procurer une croyance claire et rationnelle en la vérité, Science and religion can be complementarymais comme Nietzsche l'a intelligemment révélé, la science et la religion ne sont pas tellement différentes l'une et l'autre. Les deux partagent la croyance en une vérité objective, qui assume que nous sommes aptes à percevoir la réalité tel qu'elle est vraiment, sans la subjectivité humaine. Nietzsche décrivit comment la science, comme la religion, trouve sa compréhension de la réalité au travers des théories, qui ne sont jamais complètement et exactement conformes à la vérité. Lorsqu'une théorie scientifique s'avère être fausse, les gens commencent à comprendre que même la promesse d'une objectivité ne peut les sauver d'eux-mêmes :

[..]En même temps, il sent combien une civilisation édifiée sur le principe de la science doit s'écrouler dès l'instant qu'elle devient illogique, c'est-à-dire qu'elle recule devant ses conséquences. Notre art proclame cette universelle détresse. C'est en vain que par l'imitation, on s'appuie sur toutes les grandes époques productrices ou des natures créatrices supérieures ; c'est en vain que, pour la consolation de l'homme moderne, on amoncèle autour de lui toute la «littérature universelle», et qu'on l'entoure des styles et des artistes de tout les temps, afin que, tel Adam au milieu des animaux, il leur puisse donner un nom, - il reste malgré tout l'éternel affamé, le « critique » sans joie et sans force, l'homme alexandrin qui est, au fond, un bibliothécaire et un prote, et qui perd la vue misérablement à la poussière des livres et aux fautes d'impressions. (La Naissance De La Tragédie, §18)

La science est une approche de la vie hors-contexte, ce qui signifie qu'elle offre aucune vérité existentielle ou de guide, seulement de froides conclusions. La science peut par exemple rechercher les origines de l'univers, mais ne peut faire d'affirmation sur le pourquoi cela c'est produit ou quel en est la signification pour nous. Seulement une philosophie existentielle peut apporter une signification à notre vie et c'est ici que Nietzsche découvre les problèmes liés au fait de faire de la science notre nouvelle religion. Elle ne nous fournit pas les vérités que nous recherchons, parce qu'elle ne possède pas de relation en contexte avec notre existence. Elle nous donne des chiffres, mais les chiffres seuls n'apportent ni instruction ni bonheur.

Au contraire, Nietzsche commença à examiner se qui motivait un changement de croyance de la religion vers la science et trouva qu'elle devenait un substitut superficiel pour les idéaux manquant, essayant de cacher le profond vide inhérent à l'existence humaine :

Lorsque aujourd'hui la science n'est pas la manifestation la plus récente de l'idéal ascétique, - les cas dont il s'agit là sont trop rares, trop recherchés, trop choisis pour pouvoir modifier le jugement d'ensemble, - elle est une couverture pour le mécontentement, le manque de foi, le remords, la déception suit, la mauvaise conscience,- elle est l'inquiétude dut au manque d'idéal, la souffrance causée par l'absence du grand amour, l'insatisfaction d'une tempérance imposée. Combien de chose la science ne cache-t-elle pas aujourd'hui! Combien doit-elle du moins cacher! La solidité de nos meilleurs savants, leur application aveugle, leur tête qui bout jour et nuit, la maîtrise même de leur métier – combien souvent le véritable sens de tout cela est de ne pas se laisser atteindre par l'évidence de certaines choses! La science comme narcotique : connaissez-vous cela?... (La Généalogie de la Morale, §23)

À cause de sa propre nature et l'état dans lequel elle se trouve, Nietzsche prédit une mystification de la «vérité» scientifique, ce qui mènera éventuellement au même état nihiliste dans laquelle la religion chrétienne nous a mené avant celle-ci : la réalisation qu'il n'existe aucune vérité objective inhérente à la vie. La vérité est une création subjective de l'homme qui est appliquée à la vie afin de lui donner une raison, mais à l'extérieur s'étend le grand vide. Qu'adviendra-t-il de l'individu moderne sans Dieu, fuyant son inévitable destiné ? Existe-t-il encore un espoir ?

Vie

Plusieurs personnes mettent Nietzsche dans le même groupe que les existentialistes modernes, car ils ont en commun la croyance que la vie manque de raisons inhérentes, comme il est efficacement démontré à l'aide de la déconstruction de la religion et de la science. Ce qui a pour conséquent de laisser les gens avec une certaine angoisse et un désespoir; qu'allons nous faire après être devenu Dieu ? Il est vrai que la philosophie proto-existentielle de Nietzsche traite beaucoup de la souffrance et de la douleur qui remplit en grande partie l'existence humaine. À certain égards on pourrait même prétendre que le cœur de sa philosophie traite beaucoup de la recherche d'une façon positive d'approcher le vide et la douleur, mais l'existentialisme de Nietzsche est beaucoup plus qu'une simple affirmation passive. C'est une violente et enthousiaste célébration de ce que veux vraiment signifier être humain, tout en suggérant secrètement une existence autre que celle que nous prenons présentement pour acquis.

Philosophie du marteau

Tentons maintenant de répondre à la question posée plus tôt, c'est-à-dire : «Existe-t-il encore un espoir ?» Comme Nietzsche l'explique, l'Ouest est sur le déclin spirituellement, perdant les valeurs qui l'ont rendu auparavant si grand. Il réfère ce vide rampant, ou ce manque de valeur, au nihilisme. Mais le point de vue de Nietzsche à propos du nihilisme est différent de l'interprétation populaire – la croyance en rien. Il ne voit pas le nihilisme comme une étape finale de laquelle nous ne pourrons jamais nous échapper. En fait, ses peurs et son mépris pour une civilisation mourante sont des sentiments qui se transformeront graduellement vers une nouvelle philosophie; un nouveau sentiment d'espoir pour le futur. Il appela cela la transmutation de toutes les valeurs.

The transvaluation of all values through war and nihilismNietzsche voit cela d'une manière telle que l'âge du nihilisme est le produit naturel du reniement de la vie propre au Christianisme. Le Christianisme ne célèbre pas les choses qui définissent une vie heureuse et vertueuse; la force, la sagesse, la puissance, la croissance, l'expansion et l'héroïsme. Au contraire il essaie d'accéder au pouvoir en donnant plus d'importance à se qui est moralement faible et défaillant. Nietzsche explique qu'un jour ou l'autre, l'instinct esclavagiste chrétien réduira sa propre vue du monde au nihilisme. Ce procédé est horrible, mais inévitable; notre seule chance de survie est de transcender le nihilisme Chrétien en créant de nouvelles valeurs. Ces valeurs doivent être nobles et positives dans son caractère; autrement ils succomberont au trou noir du reniement de la vie propre au Christianisme.

La transmutation des valeurs marque un changement historique vers de nouvelles valeurs, mais le symbole de ce procédé devient évident : puisque les valeurs, la morale et l'éthique sont des codes sociaux créés par l'homme et non quelque chose d'inhérent à la nature elle-même, ce sont en fait des variables. Nous pouvons créer des valeurs et également les tuer. Nietzsche trouva que ce procédé peut être utilisé comme une méthode philosophique productive, comme un marteau : nous frappons sur toutes les valeurs afin de pouvoir observer lesquelles résisterons. Les valeurs restantes seront donc véridiques, étant capable de résister à l'étape du nihilisme. Nietzsche dépeint cette inégalité entre les valeurs à l'aide d'un aphorisme :

«Pourquoi si dur? demandait un jour le charbon de cuisine au diamant. Ne sommes-nous pas proches parents? » -

Pourquoi si mous ? Ô mes frères, c'est à moi de vous interroger, n'êtes-vous pas... mes frères?

Pourquoi si mous, si lâchement amollis, si accommodants? Pourquoi tant de négation, d'abnégation et de reniement dans votre coeur? Si peu de fatalité dans votre regard? ?

Si vous ne voulez pas être destins, inexorablement, comment avec moi, pourriez-vous jamais... triompher?

ET si votre dureté se refuse à jeter des éclairs, à trancher, à tailler dans la vif, comment, avec moi, pourriez-vous jamais... créer?

Car tous ceux qui créent sont durs. Et ce doit être votre félicité que d'imprimer votre main sur les millénaires comme dans la cire...

Félicité, que graver vos caractères sur la volonté des millénaires comme dans l'airain - plus durs que l'airain, plus noble que l'airain. Ce qui est le plus noble est seul tout à fait dur.

Cette nouvelle loi, ô mes frères, je vous l'impose: Faites-vous durs! - - (Ainsi parla Zarathoustra, Chapitre III, §29)

«Devenez durs!» - c'est la philosophie, propre à Nietzsche, de résistance à l'âge du déclin dans lequel il s'est retrouvé emprisonné. Pour survivre aux forces qui menacent la culture de l'Ouest et ses valeurs héroïques, nous devons créer et bâtir pour le futur. Le nihilisme devient un outil productif dans ce procédé, par lequel nous sommes capables de discernement face à la vérité et au mensonge, à l'illusion et la réalité. Ce nihilisme actif était le produit de l'incroyable volonté de Nietzsche à combattre, en dépit de vivre en solitaire dans une constante souffrance physique et mentale. Son ascension au sommet était maintenant définie et il créa ainsi un concept qui changera encore une fois la philosophie de l'Ouest pour toujours.

Le surhomme

Un des concepts philosophique les plus controversés et incompris de Nietzsche est celui de l'Übermensch, ou le surhomme. Nous ferons connaissance avec le surhomme dans Ainsi Parla Zarathoustra :

Je vous apprends le surhomme. L'homme est quelque chose qu'il faut dépasser. Qu'avez-vous fait pour le dépasser ?

Tous les êtres jusqu'ici ont créé quelque chose allant au-delà d'eux : et vous voudriez être le jusant de cette grande marée et plutôt revenir à la bête que dépasser l'homme ?

Qu'est-ce que le singe, pour l'homme ? Un éclat de rire ou une honte douloureuse. Et c'est bien cela qu'il faut que l'homme soit pour le surhomme : un éclat de rire et une honte douloureuse.

Vous avez suivi le chemin qui mène du ver de terre à l'homme et il demeure encore bien du ver de terre en vous. Il y eut un temps où vous étiez singes et aujourd'hui encore l'homme est plus singe qu'aucun singe. (Ainsi parla Zarathoustra, Chapitre I, §3)

L'homme est un câble noué entre la bête et l'homme, un câble au-dessus d'un abîme.

Il est un franchissement dangereux, une dangereuse route à suivre – il est le dangereux regard en arrière, le dangereux tressaillement de peur, la station dangereuse au beau milieu du chemin. (Ainsi parla Zarathoustra, Chapitre I, §4)

Les trois étapes de l'homme – animal, humain, dieu – est une ancienne théorie qui apparait par exemple dans le récit épique de Gilgamesh. Elle déclare que l'homme n'est pas une constante déterminée, mais une créature qui est apte soit à dégénérer jusqu'au niveau de l'animal, ou s'élever au dessus des conditions humaines et les surpasser. Pour faire cela, nous devons apprendre à nous débrouiller avec nos faiblesses inhérentes à l'homme pour les transformer en quelque chose de productif qui nous conduira vers une gloire plus grande. Mais le pire destin de l'homme est celui de devenir animal. Il est celui de changer la volonté de puissance en une volonté de préservation, qui est de préserver et maintenir l'état des conditions de l'homme, non les détériorer ni les améliorer.

Gilgamesh, hero king of Uruk, managed to overcome himselfNietzsche appelle cet état celui du Dernier Homme ; l'homme de l'Ouest moderne qui, par l'entremise de la moralité chrétienne, accorde une valeur démoniaque à sa nature animal mais qui a aussi perdu ses nobles valeurs qui l'ont déjà forcé à se surpasser. Comme résultat, sa philosophie se transforma en régressant sous la forme d'une lutte pour la survie et la préservation. Pour contrer ce nihilisme produit par le reniement de la vie chrétienne, Nietzsche nous prie de s'élever au dessus et de laisser tomber nos caractéristiques humaines – trop humaines.

Premièrement, nous devons rejeter l'erreur qu'est la croyance nihiliste chrétienne. Nous refusons de croire que les doux irriteront de la terre. Nous rejetons la pitié. Nous rejetons la faiblesse. Nous rejetons la puissance de la masse. Nous nous tenons seul, près pour la guerre et la destruction, pour détruire ce qui à été prouvé comme illusoire et garder les deux pieds sur terre. Il n'y a pas de transcendance platonique hors de ce monde, aucune vérité objective pour libérer l'homme de son existence terrestre et devenir divin – il n'y a pas de Dieu qui nous promet une vie meilleure.

Deuxièmement, nous devons comprendre l'étape du nihilisme. Nous ne devons pas en avoir peur. Par contre, nous devons le célébrer et l'adorer comme un procédé par lequel les fausses idoles s'effacent tranquillement, afin de libérer de l'espace pour nous permettre de créer de nouvelles valeurs et de nouvelles idoles. Ces idoles seront les étoiles guidant les générations futures, qui, grâce à notre volonté de surpasser le nihilisme, continuera à célébrer les nobles vertus de l'affirmation et de célébration de la vie.

Troisièmement, nous devons quitter l'état passif de notre état d'être humain et nous surpasser ; nous devons suivre notre volonté de puissance et lutter pour devenir le Surhomme. Nous faisons cela en apprenant à utiliser notre Dionysos interne et canaliser notre puissance destructrice en une pure créativité. Ceci peut seulement être accompli si nous possédons ces pouvoirs Dionysiens. Comme Zarathoustra l'affirma : « il faut avoir encore du chaos en soi pour donner le jour à une étoile qui danse. » (Ainsi parla Zarathoustra, Chapitre I, §5)

On peut donc dire que le Surhomme représente un procédé existentiel, dans lequel l'homme de l'Ouest apprend à se débrouiller avec la mort des valeurs et idéaux qui ont pendant si longtemps supprimer les instincts naturels de l'homme et utiliser ce nihilisme tragique productivement en établissant de nouvelles valeurs qui vont éventuellement mener non seulement à des valeurs nobles qui transcendent la croyance Judéo-chrétienne, mais finalement au point où les faiblesses et les pièges comme la pitié, le défaitisme et la psychologie d'esclave propre à l'homme seront surpassés, ce qui marquera par conséquent un nouvelle ère dans l'histoire de l'humanité : l'âge du Surhomme.

La Volonté De Puissance

Pendant le 19e siècle, beaucoup de découvertes révolutionnaires ont été faites. Une d'entre elles, détaillée dans la publication la plus célèbre de part le monde de Charles Darwin «Les Origines Des Espèces» (1859), marqua une nouvelle page de l'histoire. L'homme n'était soudainement plus une création divine de Dieu, mais simplement une forme plus évoluée animale dont les instincts de désir et de lutte sont encore présents dans les temps modernes. Cela fit changer l'image que l'homme se faisait de lui-même en relation avec le reste du royaume animal, mais plus important encore, on confirma se que plusieurs philosophes on suggéré depuis longtemps : l'homme n'est pas essentiellement motivé par la morale, mais simplement par des besoins primitifs emmagasinés dans notre mémoire évolutionnaire.

Charles Darwin Nietzsche appartenait au groupe de penseurs qui rejetaient les fondations de la morale Chrétienne, mais il était plutôt le seul à rejeter les théories des biologistes contemporains. La théorie de Darwin, connue aujourd'hui sous le nom de la «sélection naturelle», consistait essentiellement à ce que toutes les espèces de la planète survivaient à l'aide de leur instinct de survie et que la forme de vie la plus digne était celle qui était le mieux adaptée à son milieu, alors que les moins bien adaptées se retrouvaient au dessous. Plusieurs penseurs ont au courant des années réinterprété cette théorie de plusieurs façons, par exemple en tant que théorie sociale appliquée aux classes économique (Darwinisme Social) ou la force pure («la force prime le droit»).

Aucune des ces théories ne satisfaisait Nietzsche. Son opinion était que la sélection naturelle ne pouvait totalement expliquer pourquoi nous choisissions de vivre et quelles étaient nos envies les plus basiques nous motivants à lutter pour notre existence. Il créa son propre concept, plus existentialiste encore que la pure science naturaliste de Darwin et ses collègues, il l'intitula «la volonté de puissance.» Nietzsche prétendait que la volonté de puissance était l'essence même qui faisait d'une vie une lutte pour la survie. Contrairement à la lutte matérielle que Darwin soulignait, la volonté de puissance n'est pas purement une lutte pour la survie. Au contraire, c'est une volonté de s'épanouir, de conquérir, de croître et de gagner en énergie qui nous motive ultimement à vivre.

L'extrait suivant tiré de L'Antéchrist est un écho de cette philosophie :

Qu'est-ce qui est bon ? – Tout ce qui élève en l'homme le sentiment de puissance, la volonté de puissance, la puissance même.

Qu'est-ce qui est mauvais ? – Tout ce qui provient de la faiblesse.

Qu'est-ce que le bonheur ? Le sentiment que la force croit, - qu'une résistance est surmontée. (L'Antéchrist, §2)

La puissance en soit est vue comme un instinct grandissant continuellement, qui inclut mais qui n'est pas réduit à une simple lutte immédiate pour la survie. La volonté de puissance constitue une divergence envers la philosophie de Schopenhauer. Pendant que la Volonté Schopenhauerienne est une volonté de préserver et sustenter sa propre vie, la volonté selon Nietzsche est une volonté plus grande qui inclut la volonté des autres à devenir plus fort, dans l'unité. En controverse à ce que vu plus tôt, il inclut les vertus comme l'amour, le mensonge et la pitié – et même la recherche d'une vérité objective – comme une volonté de puissance de base. La vie elle-même devient la définition même de la volonté nietzschéenne :

… s'il est un corps vivant et non pas moribond, faire à tous les autres corps ce dont les individus qui le composent s'abstiennent mutuellement : il devra être la volonté de puissance incarnée, il voudra croître, s'emparer de se qui l'entoure, l'attirer à lui, gagner en prépondérance, - non pas du fait de quelque moralité ou immoralité que ce soit, mais au contraire parce qu'il vit, et parce que la vie est justement volonté de puissance. (Par-delà bien et mal, §259)

La brillante découverte que Nietzsche fît avec sa nouvelle théorie fut de démystifier non seulement la croyance chrétienne en la capacité naturelle de l'homme à être moralement bon, mais aussi le matérialisme du 19e siècle qui prétendait que l'homme vivait seulement pour des besoins matériels. De plus, il scruta de plus près nos motivations qui se cachaient derrière nos actes. Sa conclusion fut que tout organisme vivant vit pour combattre toutes résistances et devenir plus puissant, où la puissance n'est pas définie par les possessions matérielles ou la prospérité, mais par une motivation existentialiste vers un sentiment de pouvoir en soi, brute et puissant. Donc, le procédé de la sélection naturelle n'était plus seulement une lutte pour la survie, mais une lutte pour le pouvoir de saisir plus de vie – plus d'existence en soi.

L'Éternelle récurrence

Pour comprendre notre existence en tant que phénomène, nous devons premièrement comprendre le concept du temps. On peut dire qu'il y a principalement deux différentes vues du temps : la vue linéaire et cyclique. La première est représentée dans la culture Judéo-chrétienne, où le temps est couramment perçu comme un développement progressif et continuel état d'être. Cette vision est encore parmi nous aujourd'hui, lorsque nous parlons des «progrès» moderne, pointant souvent les développements technologiques. La vision opposée est l'ancienne conception du temps Indo-Européenne qui était préconisée dans la Grèce classique, où le temps est perçu comme étant quelque chose de cyclique et répétitif. La meilleure façon de décrire la différence entre ces deux visions est d'imaginer le temps comme une corde; la vision Judéo-chrétienne voit le temps comme corde raide, pointant vers le haut, tandis que les Grecques Anciens percevaient le temps comme une corde formant un cercle sans fin.

Nietzsche, de qui l'on connait déjà son admiration pour la culture de la Grèce antique, trouva la métaphore parfaite pour décrire la signification du temps comme étant cyclique dans la nature. Dans Le Gai Savoir il écrit :

Et si un jour ou une nuit, un démon se glissait furtivement dans ta plus solitaire solitude et te disait : «Cette vie, telle que tu la vis et l'a vécue, il te faudra la vivre encore une fois et encore d'innombrables fois; et elle ne comportera rien de nouveau, au contraire chaque douleur et chaque plaisir et chaque pensée et soupir et tout ce qu'il ya dans ta vie d'indiciblement petit et grand doit pour toi revenir, et tout suivant la même succession et le même enchaînement – et également cette araignée et ce clair de lune entre les arbres, et également cet instant et moi-même. L'éternel sablier de l'existence est sans cesse renversé, et toi avec lui poussière des poussières!» - Ne te jetterais-tu pas par terre en grinçant des dents et en maudissant le démon qui parla ainsi ? Ou bien as-tu vécu une fois un instant formidable où tu lui répondrais : «Tu es un dieu et jamais je n'entendis rien de plus divin !» (Le Gai Savoir, §341)

Les implications de cet aphorisme sont mieux comprises lorsque nous nous positionnons dans la même situation et essayons d'imaginer les impacts sur notre vie ici et maintenant. Comme Nietzsche le dit, nous serons à priori très sceptique, peut-être même effrayé, de ce que veux réellement signifier vivre encore et encore la même vie. Jusqu'à ce que nous nous arrêtons et pensons : si ceci était vrai, comment nous en sortirions nous ? La vie, contrairement à la vision progressive qui implique que nous seront de plus en plus heureux avec le temps, est pleine de moments tristes et horribles. Nietzsche savait que la douleur et la souffrance étaient réelles et sans issues. Alors comment pourrions-nous accepter la douleur; comment pourrions nous surpasser les horreurs de la vie ? Nietzsche trouva que le meilleur moyen était d'accepter la douleur comme une expérience en soi – «Ce qui ne tue pas rend plus fort» - et de s'ouvrir activement à la vie.

La récurrence éternelle est déterminante dans le sens qu'elle ne croit pas en la libre volonté, voyant au contraire l'individu comme un produit organique d'un courant d'événements circulaire ; nous ne pouvons trouver de «nouvelles vérités» à propos de la vie, seulement découvrir et apprendre des aspects éternels de notre existence. Ce qui signifie que le bonheur doit ultimement se trouver dans l'éternité et c'est là où l'aphorisme de Nietzsche commence à avoir un impact pratique dans nos vies : si nous étions forcés à vivre nos vie encore et encore, nous voudrions surement qu'elle soit emplie de richesse et la plus significative possible. The eternal recurrenceNous aurions à affirmer la vie, nous débarrasser de notre reniement de la mort et de la douleur, et réaliser que nous sommes seulement une petite partie d'un système beaucoup plus grand. Nous aurions à apprendre comment vivre passionnément et s'efforcer à tendre vers l'éternité. Mais comment ?

Puisque nous allons tous mourir, l'éternité ne peut être trouvée en soi, comme le Christianisme le prétend. Au contraire, nous devons chercher les choses de la vie qui continueront à vivre au-delà de notre présence ici sur terre. Ce qui reste sont les restants d'un individu noble : Le grand art, les grandes découvertes, les grandes batailles est les grands points de repères historiques. Le seul moyen de devenir immortel est en créant et en combattant pour changer le monde dans lequel nous vivons jusqu'au point où nos actes seront répétés longtemps après notre mort. La musique de Ludwig van Beethoven, les peintures de Caspar David Friedrich et la philosophie d'Arthur Schopenhauer : Ces maîtres continuent à vivre à travers leur dons fait à l'art pour l'humanité, parce qu'ils ont réussi à attraper une parcelle d'éternité à travers leurs créations. Nietzsche, qui mourra tragiquement durant un âge en continuel déclin, réussi à accumuler ses forces et continua à se battre pour se qu'il croyait. Il mourra convaincu qu'il quittait un monde dans un état différent duquel il était avant, et il avait raison : À travers son incroyable héritage de poésie, d'aphorismes philosophiques, de musiques et de lettres, Friedrich Wilhelm Nietzsche déclara la guerre au monde moderne dans son entièreté, faisant trembler ses fondations afin que s'écroule tout se qu'il possède de sacré et de béni, restaurant un ordre ancien et pressant les générations futures à vivres avec courage et honneur.


Friedrich Nietzsche – selon la perspective de CORRUPT

Mon cher ami, que signifie notre vie ? Un bateau qui navigue sur la mer, où tout le monde à la certitude qu'un jour il chavirera. Nous en sommes là, deux bons vieux bateaux qui ont été de fidèles voisins, et plus important encore, tout ce que tes mains on pu faire pour empêcher mon «chavirement»! Laissons nous continuer notre voyage – chacun par égard pour l'autre, pour un long moment déjà, un long moment! Nous allons tellement nous manquer! Une mer terriblement calme et du bon vent et par-dessus tout du soleil – se que je souhaite pour moi je te le souhaite aussi et je suis désolé que ma gratitude ne puisse trouver expression seulement en ce souhait et n'est aucune influence sur le vent ou la température. (Extrait d'une lettre adressé à Franz Overbeck)

Lorsque que Friedrich Nietzsche a quitté ce monde, un sentiment d'inquiétude gagnait l'Europe. La première guerre mondiale n'était toujours pas commencée, mais les fondations de la foi, de la raison et de la civilisation donnaient des signes indiquant qu'elles étaient minées de l'intérieur. Le positivisme de l'âge de la lumière était terminé, maintenant que les gens commençaient à réaliser les effets négatifs du développement technologique qui prenait place. La religion était toujours présente, mais s'est retrouvée dans un monde où le nombre de croyants diminuait graduellement et où la sécularisation continuait de croître. La société c'est rapidement améliorée dans certains domaines, mais sous ces améliorations, on pouvait facilement discerner de futurs problèmes politiques qui croîtraient inévitablement dus aux alliances et conflits de cet ère.

World War I marked the period in history when mankind fell victim to its own brutal natureNietzsche grandît en des temps instables, où d'anciennes certitudes concernant la foi, la science et ce qui était bon en l'homme s'écroulaient lentement. Le mince optimisme que les gens essayaient d'invoquer comme résistance motivèrent ses recherches pour une vérité et une direction dans la vie. Il prit ses distances de la religion et se sentit comme s'il était lancé au milieu d'un cercle de chaos. Afin de préserver sa santé mentale, il s'efforça de trouver une raison derrière les motivations et les actions des gens. Une des plus grosses contributions de Nietzsche à la philosophie fut d'apporter un scepticisme aux constructions sociales perçu comme de saintes lois.

La morale et l'éthique ne définissent pas nécessairement les choses conformément à la réalité. En fait, plusieurs de nos positions morales ont été créées comme antidote ou somnifère, afin de nous rendre aptes à faire face à l'ennui, la douleur et les horreurs qu'implique la vie. Le problème est qu'en créant notre propre monde plus « sécuritaire », il est facile de le confondre avec la réalité dont nous faisons tous partie. La religion et plus spécifiquement la religion Judéo-chrétienne, est a blâmer dans l'injection de cela dans les cultures de l'Ouest : les mythes et les rituels de la foi préchrétienne étaient en fait une expression des conditions de l'homme ici sur terre, mais pour le Christianisme, ces mythes devinrent des mondes physiques réels avec des conditions irréalistes que les gens se devaient de suivre afin d'achever une transcendance spirituelle, une fausse transcendance qui résulta à sa propre destruction. Dieu fut « tué », mais la question est, «n'a t-il pas ultimement prit sa propre vie ?»

Ce qui s'ensuivit peut être perçu dans les attaques de Nietzsche contre Socrate : la religion s'avéra être qu'un canular et la science était la nouvelle foi qui prit sa place – mais était-ce mieux ? Socrate a, dans l'ancienne Grèce, défendu la capacité de l'homme pour le résonnement, que Nietzsche vît comme un facteur amoindrissant le pouvoir émotionnel de Dionysos et créant une croyance en une fausse et froide vue du monde qui n'était pas basée sur la vérité, mais plutôt sur des spéculations et un matérialisme crasse. L'homme perdit sa volonté de vivre sa vie passionnément pour plutôt se cacher de la vie, sous la cape portant le nom de «vérité» et «dignité». Que reste t-il de la dignité, maintenant que la culture est devenu aussi sèche que le désert ?

La passion invoquée par la musique héroïque et sombre de Richard Wagner donna à Nietzsche un nouvel espoir pour le futur : c'était la renaissance de la culture allemande qu’il avait si longtemps espérée. Une vie de constant conflits et de batailles l'appela, dressant le portrait d'un contraste pur entre le dogme du sacrifice de sois et la rationalité scientifique. Mais la bataille afin de ressusciter l'esprit allemand a été plus dure que prévu. Les problèmes n'étaient pas seulement externes; la croyance, la puissance, la dignité, l'individualité mais la créature humaine dans sa nature même semblait posséder une multitude de faiblesses. Ces faiblesses étaient humaines mais tout de même des faiblesses et on devait s'en occuper. Il s'ensuivit un Nietzsche furieux qui tira une flèche caustique sur l'humanisme moderne et, au contraire, soutenait les vertus et idéaux qui tentaient de transcender l'homme moyen. Si l'Europe réussirait à se sortir du chaos dans lequel il était maintenant empêtré, son seul espoir était de combler le vide qu'il avait créé et de bâtir les fondations de quelque chose de nouveau pour les générations à venir. L'homme devait cesser d'être seulement un homme et devait aspirer à devenir le surhomme.

Nietzsche urges us to resist anything that is standing in the way of what we believe inNietzsche sera l'otage de sa condition physique et mentale pour le restant de sa vie, le laissant sans un seul moment de bonheur et lui rappelant sans cesse le destin tragique de tous les êtres humains. L'agonie et le désespoir n'ont tout de même pas réussi à détruire son immense volonté de vivre et de transcender. Les stéréotypes modernes d'un homme amer et seul qui détestait tout le monde et toute chose doivent être effacés de l'histoire et être remplacés par le Nietzsche que nous connaissons à travers ses écrits et sa musique : le génie allemand qui célébrait la vie, l'adorait comme un dieu, en étant toujours fidèle à ses lois et ses conditions difficiles. Sa philosophie s'est développée en un dévouement implacable qui teste notre force et notre courage et par conséquent améliore notre pouvoir et notre volonté de vivre.

Pour le lecteur moderne, c'est le Nietzsche dont nous devons apprendre et appliquer dans notre vie quotidienne. En nous débarrassant de notre défaitisme, notre honte de la solitude, notre ressentiment envers les conflits et la domination et notre obsession des autres et de nous-mêmes, nous pouvons lentement commencer à faire face à la vie de manière réaliste, c'est–à-dire avec l'honneur d'être vivant, ici et maintenant. Même si le passé est sombre et que les temps présents nous semble être un chagrin et un vide sans fin, rien n'est fini. La vie doit se poursuivre dans le monde réel, mais le monde réel est ultimement dédié à ceux qui osent défier et s'élever au-dessus. Si vous devenez un de ceux qui osent relever un tel défi, le présent est une guerre, mais l'éternité de demain vous appartient, pour toujours.

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